I. Nostalgie de Dieu


Mon âme languit après le Seigneur, et je Le cherche avec des larmes.
Comment pourrais-je ne pas Te chercher ? Toi le premier, Tu m'as trouvé. Tu m'as donné de vivre la douceur de ton Saint-Esprit, et mon âme T'a aimé.
Tu vois, Seigneur, ma peine et mes larmes... Si Tu ne m'avais attiré par ton amour, je ne Te chercherais pas, comme je Te cherche. Mais ton Esprit m'a donné de Te connaître, et mon âme se réjouit que, Toi, Tu sois mon Dieu et mon Seigneur, et, jusqu'aux larmes, je languis après Toi.

Mon âme languit après Dieu, et elle Le cherche avec des larmes, Seigneur miséricordieux, Tu vois ma chute et ma douleur ; mais, humblement, j'implore ta clémence : répands sur le pécheur que je suis la grâce de ton Saint-Esprit. Son souvenir porte mon esprit à trouver de nouveau ta miséricorde. Seigneur, donne-moi ton humble Esprit pour que je ne perde pas à nouveau ta grâce, et que je ne me lamente pas comme Adam qui pleurait Dieu et le Paradis perdu.
La première année de ma vie au Monastère, mon âme a connu le Seigneur par le Saint-Esprit. Grand est l'amour dont le Seigneur nous aime. Je l'ai appris de l'Esprit Saint que le Seigneur, par pure miséricorde, m'a donné. Je suis un vieillard et je me prépare à mourir, et j'écris la vérité par amour des hommes.

L'Esprit du Christ que le Seigneur m'a donné, veut le salut de tous, désire que tous connaissent Dieu. Le Seigneur a donné le Paradis au larron ; de même, Il le donnera à tout pécheur. Par mes péchés, je suis pire qu'un chien galeux ; mais je me suis mis à prier Dieu de me les pardonner, et Il m'a accordé non seulement son pardon, mais encore le Saint-Esprit. Et, dans le Saint-Esprit, j'ai connu Dieu.

Vois-tu l'amour de Dieu envers nous ? Et qui pourrait décrire sa miséricorde ?
Oh ! mes frères, je tombe à genoux et je vous demande : croyez en Dieu, croyez que c'est l'Esprit Saint qui témoigne de Lui dans toutes les églises et dans mon âme. Le Saint-Esprit est Amour ; cet Amour est répandu dans les âmes de tous les Saints qui demeurent au Ciel, et le même Saint-Esprit vit, sur terre, dans les âmes de ceux qui aiment Dieu. Dans le Saint-Esprit, tous les Cieux voient la terre, entendent nos prières et les portent à Dieu.
Le Seigneur est miséricordieux ; cela, mon âme le sait, mais le décrire est impossible. Il est infiniment doux et humble, et lorsque l'âme Le voit, elle se transforme tout entière en amour de Dieu et du prochain ; elle devient elle-même douce et humble. Mais si l'homme perd la grâce, il pleurera comme Adam lorsqu'il fut chassé du Paradis. Il sanglotait, et tout le désert entendait ses gémissements ; ses larmes étaient amères de tristesse, et il pleura de nombreuses années.
De même, l'âme qui a connu la grâce divine et qui l'a perdue, a soif de Dieu et dit « Mon âme languit après le Seigneur, et je Le cherche avec des larmes. »
Je suis un pécheur endurci, et pourtant j'ai vu le grand amour et la miséricorde du Seigneur à mon égard.

Dès mes jeunes années, je priais pour ceux qui m'avaient offensé. Je disais : « Seigneur, ne tiens pas compte de ses péchés contre moi. » Mais, malgré mon amour de la prière, je n'échappais pas aux péchés. Le Seigneur, Lui, ne s'est pas souvenu de mes péchés et m'a donné d'aimer les hommes. Mon âme désire que les hommes du monde entier soient tous sauvés, qu'ils vivent dans le Royaume des Cieux, voient la Gloire du Seigneur et fassent leurs délices de l'amour divin.
Je juge d'après moi-même : si le Seigneur m'a tellement aimé, c'est le signe qu'Il aime de ce même amour tous les pécheurs. O amour du Seigneur ! Les forces me manquent pour le décrire, car il est d'une profondeur infinie et admirable.

La grâce de Dieu donne la force d'aimer l'Aimé : l'âme est sans cesse attirée vers la prière, et ne peut oublier le Seigneur, pas même un instant.
Seigneur ami des hommes, comment n'as-Tu pas oublié ton serviteur dans son péché ? Mais du haut de ta Gloire, Tu as, dans ta miséricorde, jeté ton regard sur moi, et - cela me dépasse - Tu m'es apparu. Je Te blessais et T'affligeais continuellement, mais Toi, Seigneur, dès que je T'ai appelé, Tu m'as donné de connaître ton grand amour et ton immense tendresse.

Ton regard paisible et doux a attiré mon âme. Que Te donner en retour, Seigneur, ou quelle louange Te chanter ? Tu donnes ta grâce pour que l'âme soit sans cesse enflammée d'amour et ne connaisse de repos, ni de jour, ni de nuit, dans son amour pour Dieu. Me souvenir de Toi réchauffe mon âme ; nulle part sur terre, elle ne trouve de repos, sauf en Toi. C'est pourquoi je Te cherche avec des larmes, et de nouveau je Te perds ; et de nouveau, mon esprit voudrait jouir de Toi, mais, Toi, Tu ne révèles pas ta Face que mon âme désire nuit et jour. Seigneur, donne-moi de n'aimer que Toi seul.
Tu m'as créé, Tu m'as illuminé par le saint baptême, Tu me pardonnes mes péchés, et Tu me laisses communier à ton Corps très pur et à ton Sang. Donne-moi aussi la force de demeurer toujours en Toi. Donne-nous, Seigneur, le repentir d'Adam et ta sainte humilité. Mon âme s'ennuie sur terre et aspire à la vie du Ciel. Le Seigneur est venu sur terre pour nous élever là où Il demeure ainsi que sa Très-Pure Mère, qui Le servit sur terre pour notre salut, et où se trouvent aussi ses disciples et ceux qui L'ont suivi. C'est là que le Seigneur nous appelle, malgré nos péchés.

Là, nous verrons les saints Apôtres qui sont dans la Gloire pour avoir annoncé l'Evangile ; là, nous verrons les saints Prophètes et les saints Evêques et Docteurs de l'Eglise ; là, nous verrons les vénérables Moines qui ont lutté dans le jeûne pour trouver l'humilité ; là, sont glorifiés les Fols en Christ, car ils ont vaincu le monde.
Là, seront glorifiés tous ceux qui se sont vaincus eux-mêmes, qui ont prié pour le monde entier et qui ont porté la souffrance du monde, car ils étaient pleins de l'amour du Christ, et l'amour ne souffre pas la perte même d'une seule âme.

C'est là que mon âme veut demeurer. Mais rien d'impur n'y pénètre : on ne peut arriver là que par de grandes souffrances, avec un esprit brisé et d'abondantes larmes. Seuls les enfants qui ont gardé la grâce du saint baptême y parviennent sans douleur ; là, par le Saint-Esprit, ils connaissent le Seigneur. Mon âme languit sans cesse après Dieu et prie jour et nuit, car le Nom du Seigneur est doux ; il fait les délices de celui qui prie, et enflamme son coeur d'amour pour Dieu.

Longtemps j'ai vécu sur terre, et j'ai beaucoup vu et entendu. J'ai entendu beaucoup de musique, et elle a charmé mon âme ; et j'ai pensé : si cette musique est si douce, quel charme doit avoir pour l'âme le chant du Ciel où, par l'Esprit Saint, on glorifie le Seigneur pour ses souffrances. L'âme vit longtemps sur la terre, et elle aime la beauté de la terre. Elle aime le ciel et le soleil, elle aime les beaux jardins, la mer et les rivières, les forêts et les prairies. L'âme aime aussi la musique, et tout ce qui est de la terre l'enchante. Mais une fois qu'elle a connu notre Seigneur jésus Christ, elle ne désire plus voir ce qui est terrestre. J'ai vu des rois de la terre dans leur gloire ; et cela, je l'ai vraiment apprécié. Mais quand l'âme a connu le Seigneur, elle tient pour peu de chose toute la gloire des rois. Alors l'âme désire sans cesse le Seigneur, et insatiablement, jour et nuit, elle aspire à voir l'Invisible, à saisir l'Insaisissable.

Le Saint-Esprit, si ton âme Le connaît, te donnera de comprendre comment Il apprend à l'âme à connaître le Seigneur et de quelle douceur est cette connaissance. O Seigneur miséricordieux, éclaire les peuples pour qu'ils Te connaissent et sachent combien Tu nous aimes. Merveilleuses sont les oeuvres du Seigneur : de la terre Il a créé l'homme, et à la poussière Il s'est fait connaître par le Saint-Esprit, et alors l'homme dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Et il dit cela rempli de foi et d'amour. L'âme pourrait-elle chercher sur terre quelque chose de plus grand ?

C'est un grand miracle : soudain l'âme connaît son Créateur et Son amour. Quand l'âme voit le Seigneur, voit combien Il est doux et humble, elle s'humilie jusqu'au bout et, plus que tout, désire l'humilité du Christ. Tant que l'âme vivra sur terre, elle ne cessera de désirer et de chercher cette humilité insondable que l'on ne peut oublier.
Seigneur, comme est grand ton amour pour l'homme !

Seigneur miséricordieux, donne ta grâce à tous les peuples de la terre, afin qu'ils Te connaissent ; car, privé de ton Esprit Saint, l'homme ne peut Te connaître ni comprendre ton amour. Seigneur, envoie sur nous ton Esprit Saint, car on ne Te connaît, Toi, et tout ce qui est à Toi, que par le Saint-Esprit que Tu as donné au commencement à Adam, puis aux saints Prophètes et ensuite aux chrétiens.

Seigneur, fais connaître à tous les peuples ton amour et la douceur du Saint-Esprit, pour que les hommes oublient la douleur de la terre, qu'ils abandonnent tout mal et s'attachent à Toi avec amour, et qu'ils puissent vivre en paix, accomplissant pour ta Gloire ta sainte volonté. O Seigneur, daigne nous accorder les dons du Saint-Esprit, afin que nous connaissions ta Gloire et que nous vivions sur terre dans la paix et dans l'amour, afin qu'il n'y ait ni haine, ni guerre, ni ennemis, mais que seul règne l'amour. Ainsi on n'aura plus besoin ni d'armées ni de prisons, et, pour tous, il sera facile de vivre sur terre.

Seigneur miséricordieux, écoute ma prière, fais que tous les peuples de la terre Te connaissent par le Saint-Esprit. Comme Tu m'as donné, à moi pécheur, de Te connaître par le Saint-Esprit, ainsi, que tous les peuples de la terre Te connaissent, eux aussi, et qu'ils Te louent jour et nuit.

Je sais, Seigneur, que Tu aimes les hommes, mais les hommes ne comprennent pas ton amour ; tous les peuples s'agitent sur la terre, et leurs pensées sont comme des nuages chassés par le vent dans toutes les directions. Les hommes T'ont oublié, Toi leur Créateur, et cherchent leur propre liberté, sans comprendre que Tu es miséricordieux, que Tu aimes les pécheurs qui se repentent et leur donnes la grâce de ton Saint-Esprit.

Seigneur, Seigneur, accorde la force de ta grâce à tous les peuples afin qu'ils Te connaissent par le Saint-Esprit et Te louent dans la joie, puisque même à moi, impur et misérable, Tu as donné la joie de Te désirer. Mon âme est attirée vers ton amour, jour et nuit, insatiablement.

Oh ! que la miséricorde de Dieu pour nous est immense !
Beaucoup d'hommes riches et puissants donneraient cher pour voir le Seigneur ou sa Très-Pure Mère ; pourtant, ce n'est pas à la richesse que Dieu se manifeste, mais à l'âme humble. Et pour quoi l'argent ? Saint Spiridon transforma un serpent en or ; nous, nous n'avons besoin de rien, sauf du Seigneur : en Lui est la plénitude de la vie.

Si le Seigneur ne nous a pas donné de connaître le secret de nombreuses choses de ce monde, c'est que nous n'en avions pas besoin. Nous ne pouvons pas, par notre seule intelligence, connaître toute la création. Mais le Créateur du Ciel et de la terre et de tout ce qui existe nous accorde de Le connaître par le Saint-Esprit. Dans le même SaintEsprit nous connaissons la Mère de Dieu, les Anges et les Saints, et notre esprit brûle d'amour pour eux. Mais celui qui n'aime pas ses ennemis, ne peut connaître le Seigneur ni la douceur de l'Esprit Saint.

Le Saint-Esprit apprend à tant aimer les ennemis que l'on aura compassion d'eux comme de ses propres enfants. Il y a des hommes qui souhaitent la damnation et les tourments dans le feu de l'enfer à leurs ennemis ou aux ennemis de l'Eglise. Ils pensent ainsi parce qu'ils n'ont pas appris du Saint-Esprit à aimer Dieu. Celui qui l'a appris, verse des larmes pour le monde entier.

Tu dis : « C'est un criminel, qu'il aille donc brûler dans le feu de l'enfer. »
Mais je te demande : « Si Dieu te donnait une bonne place dans le Paradis et que, de là, tu voies dans le feu celui auquel tu as souhaité les tourments, n'aurais-tu pas alors pitié de lui, quel qu'il soit, même s'il est un ennemi de l'Eglise ? »

Ou bien aurais-tu un coeur de fer ? Mais dans le Paradis on n'a pas besoin de fer. Là, on a besoin de l'humilité et de l'amour du Christ, qui a compassion de tous.
Celui qui n'aime pas ses ennemis, n'a pas la grâce de Dieu.

Seigneur, apprends-nous par ton Esprit Saint à aimer nos ennemis et à prier pour eux avec des larmes.
Seigneur, répands l'Esprit Saint sur la terre afin que tous les peuples Te connaissent et apprennent ton amour.
Seigneur, comme Tu as prié pour tes ennemis, ainsi apprends-nous, à nous aussi, par l'Esprit Saint, à aimer nos ennemis.
Seigneur, tous les peuples sont l'oeuvre de tes mains ; détourne-les de la haine et du mal vers le repentir pour que, tous, ils connaissent ton amour.
Seigneur, Tu as donné le commandement d'aimer les ennemis, mais cela nous est difficile, à nous autres pécheurs, si ta grâce n'est pas avec nous.
Seigneur, répands ta grâce sur la terre ; donne à tous les peuples de la terre de connaître ton amour, de connaître que Tu nous aimes comme une mère, et plus qu'une mère : une mère peut oublier son enfant, mais, Toi, Tu n'oublies jamais, car Tu aimes sans mesure ta créature, et l'amour ne peut oublier.
Seigneur miséricordieux, dans la richesse de ta bonté, sauve tous les peuples.

Le Saint-Esprit a tait connaître à notre Eglise les mystères de Dieu, et elle est forte par sa sainte pensée et par sa patience.
L'âme de l'orthodoxe est instruite par la grâce qui lui apprend à s'attacher fermement au Seigneur et à sa Très-Pure Mère, et notre esprit se réjouit en contemplant le Dieu qu'il connaît. Mais on ne peut vraiment connaître Dieu que par le Saint-Esprit, et celui qui, dans son orgueil, prétendrait connaître le Créateur par sa propre intelligence - celui-là est aveugle et insensé.

Par notre intelligence nous n'arrivons pas même à saisir comment le soleil a été créé. Mais lorsque nous demandons à Dieu de nous dire comment Il a fait le soleil, nous recevons clairement dans notre âme cette réponse : « Humilie-toi, et tu connaîtras non seulement le soleil, mais encore son Créateur. » Mais quand l'âme connaît son Seigneur, de joie, elle oublie le soleil et toute créature, et abandonne ses soucis de connaissance terrestre.

A l'âme humble le Seigneur révèle ses mystères.
Durant toute leur vie, les Saints se sont humiliés et ont lutté contre l'orgueil. Moi aussi, je m'humilie jour et nuit, et pourtant je ne suis pas encore devenu humble comme il le faut ; mais le Saint-Esprit a fait connaître à mon âme l'humilité du Christ, cette humilité qu'Il nous a commandé d'apprendre de Lui, et mon âme est sans cesse attirée vers Lui.

O humilité du Christ ! Elle donne à l'âme une joie en Dieu impossible à décrire ; et l'amour de Dieu fait oublier à l'âme et la terre et le Ciel : de tout son désir, elle s'élance vers Dieu.

O humilité du Christ ! Comme elle est douce et agréable. Elle ne se trouve que chez les Anges et dans les âmes saintes ; quant à nous, nous devons nous considérer comme le pire de tous, et alors le Seigneur nous donnera, à nous aussi, de connaître l'humilité du Christ par le Saint-Esprit.

On ne peut connaître le Seigneur, sa Gloire et tout ce qui est au Ciel, que dans le Saint-Esprit.
Le Seigneur nous a donné le Saint-Esprit ; nous avons appris le chant du Seigneur, et la douceur de l'amour de Dieu nous fait oublier la terre.
L'amour du Seigneur est ardent et ne permet pas de se souvenir de la terre. Qui l'a vécu, le cherche sans se lasser, jour et nuit. Nous le perdons par notre orgueil, par le rejet et le jugement de notre frère; par notre jalousie ; il nous abandonne à cause d'une pensée impure et de notre attachement aux choses terrestres ; par tout cela, la grâce nous quitte, et alors, désertée et abattue, l'âme désire Dieu comme notre père Adam aspirait à Lui, lorsqu'il fut chassé du Paradis.

En pleurant Adam criait vers Dieu « Mon âme languit après Toi, Seigneur, et je Te cherche avec des larmes. Vois mon affliction et illumine mes ténèbres, pour que mon âme retrouve la joie. »

« Je ne peux T'oublier. Comment T'oublierais-je ? Ton regard paisible et doux a captivé mon âme ; mon esprit était plein de joie dans le Paradis où je voyais ta Face. Comment oublierais-je le Paradis où l'amour du Père me réjouissait ? »

Si le monde comprenait toute la force des paroles du Christ « Apprenez de moi l'humilité et la douceur », alors le monde entier, tout l'univers abandonnerait toutes les autres sciences pour ne chercher que cette Science divine. Les hommes ne connaissent pas la puissance de l'humilité du Christ, aussi se tournent-ils vers les choses terrestres ; mais l'homme ne peut pas connaître toute la force de ces paroles du Christ sans l'Esprit Saint ; quant à celui qui l'a connue, il n'abandonnerait pas cette Science, même si on lui donnait tous les royaumes de la terre.

Seigneur, accorde-moi ton humilité, afin que ton amour établisse sa demeure en moi, et que vive en moi ta sainte crainte. Il est dur de vivre sans amour pour Dieu ; l'âme est alors plongée dans les ténèbres et l'ennui. Mais quand l'amour saisit l'âme, sa joie est impossible à décrire.
Mon âme a soif de parvenir à l'humilité du Christ, elle y aspire jour et nuit, et parfois je T'invoque en criant « Mon âme languit après Toi, et je Te cherche avec des larmes. »

O Seigneur, comme Tu aimes ta créature ! Invisiblement l'âme voit ta grâce, et avec crainte et amour elle Te remercie. Mes chers frères, c'est avec des larmes que j'écris ces lignes.

Quand l'âme connaît le Seigneur par le Saint-Esprit, à chaque instant, sans cesse, elle est saisie d'étonnement devant la miséricorde de Dieu, sa majesté et sa toute-puissance. Cependant si l'âme n'a pas encore acquis l'humilité, mais y tend seulement, elle connaîtra bien des changements :.tantôt elle est en lutte avec les pensées et ne trouve pas de repos, mais parfois elle est délivrée de ces pensées et peut contempler le Seigneur et saisir son amour.

C'est pourquoi le Seigneur dit : « Apprenez de Moi la douceur et l'humilité, et vous trouverez le repos pour vos âmes. » Si quelqu'un n'apprend pas l'humilité, l'amour et la douceur, le Seigneur ne lui donnera pas de Le connaître. Mais l'âme qui a connu le Seigneur par le Saint-Esprit est blessée par son amour, et ne peut L'oublier. Comme un malade se souvient continuellement de sa maladie, ainsi l'âme qui aime le Seigneur se souvient toujours de Lui et de son amour pour toute l'humanité.

Que Te donner en retour, Seigneur ?
Toi, le Miséricordieux, Tu as ressuscité mon âme de ses péchés, et Tu m'as donné de connaître ta clémence. Tu as ravi mon coeur, et sans cesse il s'élance vers Toi, ma Lumière.

Que Te donner en retour, Seigneur ?
Tu as ressuscité mon âme pour que je T'aime ainsi que mon prochain, et Tu me donnes des larmes pour prier pour le monde entier.
Bienheureuse l'âme qui a connu son Créateur et qui L'a aimé, car elle a trouvé en Lui le repos parfait.

La miséricorde du Seigneur est infinie.
Mon âme connaît sa miséricorde envers moi, et j'écris sur elle dans l'espoir qu'une âme, au moins, aimera le Seigneur et s'enflammera pour Lui dans le feu du repentir.
Si le Seigneur ne m'avait pas donné par le Saint-Esprit de connaître sa miséricorde, je serais désespéré à cause du grand nombre de mes péchés ; mais maintenant Il a séduit mon âme, elle L'a aimé et oublie tout ce qui est sur terre.

Oh ! Seigneur, rends mon coeur humble pour qu'il Te soit toujours agréable.

Comprenez donc, vous, tous les peuples de la terre, combien le Seigneur vous aime et avec quelle bonté Il vous appelle. « Venez à Moi, et je vous donnerai le repos. Je vous donnerai le repos, et sur terre, et au Ciel, et vous verrez ma Gloire. « Maintenant vous ne pouvez pas le comprendre, mais le Saint-Esprit vous fera connaître mon amour pour vous. « Ne tardez pas, venez à Moi, avec un grand désir je vous attends comme mes enfants bien-aimés, je vous donnerai ma Paix, vous serez dans la joie et votre joie sera éternelle. »

Mes frères, c'est avec des larmes que j'écris ces lignes.
Quand, par le Saint-Esprit, l'âme connaît le Seigneur, sans cesse, à chaque instant, elle est dans l'émerveillement devant la miséricorde, la majesté et la puissance de Dieu. Par sa grâce et avec tendresse, comme une mère qui enseigne son enfant bien-aimé, le Seigneur instruit l'âme par des pensées bonnes et humbles, et lui révèle sa présence. Et l'âme, avec humilité, contemple le Seigneur sans aucune pensée.
Le Seigneur aime l'homme, et sa grâce demeurera dans l'Eglise jusqu'au temps du jugement Dernier, comme elle y demeurait aux siècles passés.
Le Seigneur aime l'homme, et bien qu'Il l'ait créé de la poussière, Il l'a revêtu de beauté par l'Esprit Saint.
Par le Saint-Esprit on connaît le Seigneur, et dans le Saint-Esprit on aime le Seigneur ; mais sans l'Esprit Saint, l'homme n'est que terre et péché.
Le Seigneur éduque ses enfants par l'Esprit Saint, par son Sang très pur et par son Corps, et tous ceux qui suivent le Seigneur sont semblables au Seigneur, leur Père.
Le Saint-Esprit nous rend proches parents du Seigneur. Sache que si tu sens en toi une paix divine et un amour pour tous les hommes, ton âme est semblable au Seigneur.

La grâce divine nous a appris cela ; aussi l'âme sait-elle quand elle est enrichie par la grâce. De même elle sent quand elle perd la grâce, et perçoit l'approche de l'Ennemi. Maintenant, par expérience, je le vois clairement, mais, autrefois, je ne le savais pas.
C'est pourquoi, frères, gardez de toutes vos forces la paix divine, qui nous est donnée gratuitement. Si quelqu'un nous offense, aimons-le, même si cela ne nous est pas facile, et le Seigneur, voyant nos efforts, nous assistera de sa grâce.

Ainsi parlent les saints Pères, et l'expérience de nombreuses années montre que les efforts sont nécessaires.
La grâce du Saint-Esprit rend, déjà sur terre, tout homme ressemblant au Seigneur Jésus Christ ; mais celui qui ne se repent pas et ne croit pas, ressemble à l'Ennemi.
Le Seigneur nous a jugés dignes d'être semblables à Lui ; et comme Il est doux et humble ! Si tu Le voyais, ta joie serait si grande que tu voudrais Lui dire : « Seigneur, je fonds devant ta grâce ». Mais, à cet instant, tu serais incapable de proférer même un seul mot, car ton âme serait transformée par la profusion du Saint-Esprit. Ainsi saint Séraphin de Sarov, lorsqu'il a vu le Seigneur, n'a rien pu dire.

Le Seigneur nous commande de L'aimer de tout notre coeur et de toute notre âme, - mais comment pouvons-nous aimer Celui que nous n'avons jamais vu, et comment apprendre cet amour ? On connaît le Seigneur par son action dans l'âme. Lorsque le Seigneur visite une âme, elle sait que l'Hôte bien-aimé est venu et qu'Il est reparti ; et alors l'âme Le désire et Le cherche tout en pleurs : « Où es-Tu, ma Lumière, où es-Tu, ma joie ? Ton passage a laissé un parfum dans mon âme, mais, Toi, Tu n'y es pas. Mon âme languit après Toi, et mon coeur est abattu et souffre. Rien ne peut plus me réjouir parce que j'ai offensé le Seigneur, et Il s'est caché de moi. »

Si nous étions simples comme des enfants, le Seigneur nous montrerait le Paradis, et nous Le verrions dans la Gloire des Chérubins, des Séraphins, de toutes les Puissances célestes et des Saints ; mais nous ne sommes pas humbles, et c'est pourquoi nous nous tourmentons nousmêmes et ceux qui vivent avec nous.
Quelle joie pour nous : le Seigneur non seulement pardonne nos péchés, mais encore se fait connaître à l'âme dès qu'elle s'humilie. Chacun de nous, même le plus pauvre, peut s'humilier et connaître Dieu par le Saint-Esprit. Pour connaître Dieu, il n'est besoin ni d'argent, ni de propriétés, mais seulement d'humilité. Le Seigneur se donne gratuitement, par pure bonté. Autrefois, je ne le savais pas, reposer sur un lit, même lorsqu'il est allongé, son âme s'élance vers le Seigneur et vers le Royaume des Saints.

La vieillesse est venue ; mon corps s'est affaibli et veut s'étendre, mais mon esprit ne reste pas en repos. Il s'élance vers Dieu, son Père céleste. Nous sommes devenus ses proches parents par son Corps et son Sang très pur, et par le Saint-Esprit. Il nous a donné de connaître ce qu'est la Vie éternelle. Partiellement nous avons saisi : l'Esprit Saint est la Vie éternelle ; l'âme vit dans l'amour de Dieu, dans l'humilité et la douceur du Saint-Esprit ; mais il faut donner à l'Esprit Saint un grand espace dans notre âme, pour qu'Il puisse vivre en elle et que l'âme sente vraiment sa présence.
Celui qui, sur terre, demeure dans l'amour de Dieu par le SaintEsprit, sera aussi là-bas avec le Seigneur, car l'amour ne peut disparaître. Mais pour ne pas nous faire d'idées fausses, humilions-nous selon la parole du Seigneur « Soyez comme des enfants, auxquels appartient le Royaume de Dieu » (cf. Matth. 18,3). Malheur à moi, car, ayant connu le Seigneur par le Saint-Esprit, je Le perds et n'arrive pas à Le retrouver en plénitude, et pourtant je vois la miséricorde de Dieu auprès de moi.

Le Seigneur nous aime plus que nous ne pouvons nous aimer nous-mêmes. Mais quand l'âme est dans la détresse, elle pense que le Seigneur l'a oubliée et qu'Il ne veut même pas la regarder, et elle souffre et se consume de douleur.
Mais il n'en est pas ainsi, frères. Le Seigneur nous aime sans limite, nous fait don de la grâce du Saint-Esprit et nous console. Le Seigneur ne veut pas que l'âme soit dans l'abattement et dans l'incertitude au sujet de son salut. Crois fermement que nous souffrons aussi longtemps que nous ne sommes pas devenus humbles ; mais aussitôt que nous nous humilions, nos souffrances prennent fin ; car à cause de son humilité, l'Esprit divin témoigne à l'âme qu'elle est sauvée.

Gloire au Seigneur pour son grand amour ; et cet amour-là est connu dans l'Esprit Saint.
Mon âme languit après le Seigneur, et je Le cherche avec des larmes.
Comment pourrais-je ne pas Le chercher ? Il s'est révélé à moi par le Saint-Esprit, et mon coeur L'a aimé. Il a attiré mon âme, et elle a soif de Lui.
L'âme est pareille à une fiancée, le Seigneur, à un fiancé ; ils s'aiment l'un l'autre, et soupirent l'un vers l'autre. Dans son amour, le Seigneur languit après l'âme et s'afflige s'il n'y a pas en elle de place pour l'Esprit Saint ; et l'âme qui a connu le Seigneur Le désire, car en Lui est sa vie et sa joie.


Une vie de péché, c'est la mort pour l'âme ; mais l'amour de Dieu est le Paradis de délices dans lequel, avant la chute, vivait notre père Adam.
Adam, notre père, dis-nous comment ton âme aimait Dieu dans le Paradis.
On ne peut pas comprendre cela ; seule l'âme qui a goûté à l'amour de Dieu peut le pressentir.
Et la Mère de Dieu, comment aimait-elle le Seigneur, son Fils ? Personne ne peut le savoir, sinon elle-même. Mais l'Esprit divin nous enseigne l'amour. En elle vivait et vit ce même Esprit divin, qui est Amour ; c'est pourquoi celui qui connaît l'Esprit Saint peut aussi saisir son amour, encore qu'imparfaitement.


Quel bonheur pour nous, chrétiens, d'avoir un tel Dieu !
Qu'ils sont à plaindre les hommes qui ne connaissent pas Dieu ! Ils ne voient pas la Lumière éternelle et, après la mort, ils vont dans les ténèbres éternelles. Nous le savons, car, dans l'Eglise, l'Esprit Saint révèle aux Saints ce qui est au Ciel et ce qui est en enfer.
Oh ! peuple malheureux et dans l'égarement ! Ils ne peuvent savoir ce qu'est la vraie joie. Ils se réjouissent parfois et rient, mais leur rire et leur gaieté se transformeront en pleurs et en souffrances. Mais notre joie, c'est le Christ. Par ses souffrances, Il nous a inscrits dans le Livre de Vie, et dans le Royaume des Cieux nous serons éternellement avec Dieu et nous verrons sa Gloire.
Notre joie, c'est le Saint-Esprit. Comme Il est doux et bon ! Il témoigne à l'âme de son salut.

mais maintenant, chaque jour, à chaque heure et à tout instant, je vois clairement la miséricorde de Dieu. Le Seigneur donne la paix même dans le sommeil, mais sans Dieu l'âme ne trouvera jamais la paix.
A cause de l'orgueil de leur intelligence, le Seigneur ne Se fait pas connaître à bien des hommes, et malgré cela ils pensent savoir beaucoup de choses. Et que vaut leur science, s'ils ne connaissent pas le Seigneur, s'ils ne connaissent pas la grâce du Saint-Esprit, s'ils ne savent pas comment elle vient et pourquoi on la perd ?
Mais nous, frères, humilions-nous, et le Seigneur nous révélera tout, comme un père aimant montre tout à ses enfants.
Observe par ton esprit ce qui se passe dans ton âme. S'il s'y trouve un peu de grâce, tu connais la paix et tu éprouves de l'amour à l'égard de tous ; s'il s'en trouve davantage, il y a dans l'âme une lumière et une grande joie ; mais s'il s'en trouve plus encore, même le corps ressent la grâce du Saint-Esprit.
Il n'y a pas de plus grand malheur que de perdre la grâce. Alors l'âme désire Dieu. Et à quoi pourrais-je comparer ce désir ? Je le compare aux pleurs d'une mère qui a perdu son fils unique et bienaimé, et qui s'écrie : « Où es-tu, mon enfant, où es-tu, ma joie ? » 1 C'est ainsi, et plus encore, que l'âme languit après le Seigneur, lorsqu'elle perd la grâce et la douceur de l'amour divin.
« Où es-Tu, mon Dieu miséricordieux ? Où es-Tu, Lumière sans déclin ? Pourquoi T'es-Tu caché de moi et ne vois-je plus ton Visage doux et lumineux ? Rares sont les âmes qui Te connaissent ; rares sont les hommes avec qui l'on peut parler de Toi ; la plupart des hommes seront sauvés par la foi. Comme, Toi-même, Tu l'as dit à l'apôtre Thomas : " Tu M'as vu et tu M'as touché ; mais heureux aussi sont ceux qui croient sans avoir vu. " »
Ainsi, ce ne sont pas tous les hommes qui ressentent la présence du Saint-Esprit ; mais tous ceux qui craignent Dieu et observent ses commandements seront sauvés, car l'amour du Seigneur pour nous est sans limites. Moi non plus, je n'aurais pu connaître cet amour, si l'Esprit Saint, qui enseigne tout ce qui est bon, ne m'avait instruit.
Mon coeur T'a aimé, Seigneur, et c'est pourquoi je languis après Toi, et je Te cherche avec des larmes.
Tu as orné le ciel d'étoiles, l'air de nuages, la terre de mers, de fleuves et de jardins verdoyants dans lesquels chantent des oiseaux, mais mon âme T'a aimé et ne veut plus regarder ce monde, malgré sa
splendeur.
C'est Toi seul que mon âme désire, Seigneur. Je ne peux oublier ton regard doux et paisible, et je Te prie avec des larmes : « Viens, établis en moi ta demeure, purifie-moi de mes péchés. Tu vois du haut de ta sainte Gloire comme mon âme Te désire. Ne m'abandonne pas, moi, ton serviteur. Écoute-moi lorsque, comme le prophète David, je clame vers Toi : " Aie pitié de moi, Seigneur, selon ta grande miséricorde ." »
Saints Apôtres, vous avez proclamé à toute la terre : « Connaissez l'amour de Dieu. » Mon âme pécheresse a connu cet amour par le Saint-Esprit ; mais j'ai perdu cet Esprit, et je Le désire. Je vous le demande, suppliez le Seigneur de me rendre le don du Saint-Esprit que mon âme connaît, et je prierai pour le monde entier afin que la paix vienne sur la terre.
Tous les Saints, priez le Seigneur Dieu pour moi. Vous voyez la Gloire du Seigneur au Ciel, car sur terre vous avez aimé Dieu de toute votre âme et de toute votre intelligence. Vous avez vaincu le monde par la puissance de la grâce que vous a accordée le Seigneur pour votre humilité. Vous avez supporté toutes les souffrances par amour pour Dieu. Mon esprit est impatient de vous voir, de voir comment vous contemplez la Gloire du Seigneur ; jour et nuit, mon âme languit après le Seigneur et désire goûter la douceur de son amour.
Les vrais starets sont humbles, semblables au Christ. Par leur vie, ils donnent un exemple vivant. Ils ont trouvé la paix et, de même que l'arbre de vie dans le Paradis, ils rassasient beaucoup d'hommes de leurs fruits, des fruits de cette paix.
L'arbre de vie au centre du Paradis, c'est le Christ. Maintenant, il est accessible à tous ; le monde entier peut être nourri par lui et être rempli par le Saint-Esprit.
En l'absence de vrais maîtres spirituels, il faut s'abandonner à la volonté de Dieu dans l'humilité ; alors, le Seigneur éclairera par sa grâce. Il est impossible d'exprimer combien le Seigneur nous aime, et l'intelligence ne peut le concevoir. Seul l'Esprit Saint et la foi nous font connaître l'amour divin, mais non l'intelligence.

Certains se disputent au sujet de la foi, et ces débats sont interminables : il ne faut pas discuter, mais seulement prier Dieu et la Mère de Dieu, et alors le Seigneur nous éclairera, et c'est rapidement qu'Il nous éclairera.
Beaucoup d'hommes ont étudié toutes les religions, mais la vraie foi, celle que l'on doit avoir, ils ne l'ont pas connue par cette voie. Mais à celui qui priera Dieu avec humilité pour que le Seigneur l'éclaire, le Seigneur fera connaître de quel grand amour Il aime les hommes.
Les hommes orgueilleux pensent tout comprendre par leur intelligence, mais Dieu ne le leur accorde pas.
Mais nous connaissons le Seigneur : Il s'est montré à nous par le Saint-Esprit, et l'âme Le connaît ; elle est heureuse, joyeuse et paisible, et c'est cela notre sainte vie.
Le Seigneur a dit : « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur et il verra ma Gloire » (Jn 12,26). Mais les hommes ne comprennent pas l'Ecriture, comme si elle leur était scellée. Mais lorsque l'Esprit Saint nous enseigne, tout devient compréhensible, et l'âme se sent comme au Ciel, car c'est le même Esprit Saint qui est au Ciel, sur la terre, dans la sainte Ecriture et dans les âmes de ceux qui aiment Dieu. Sans l'Esprit Saint, les hommes se perdent, et bien qu'ils étudient sans cesse, ils ne peuvent connaître Dieu, ni trouver le repos en Lui.
Celui qui â connu l'amour de Dieu aime le monde entier, et jamais il ne murmure sur son sort, car une peine passagère supportée par amour pour Dieu conduit à la joie éternelle.
L'âme qui n'est pas humble, qui ne s'est pas abandonnée à la volonté de Dieu, ne peut rien connaître ; elle passe d'une pensée à l'autre, et ainsi ,elle ne prie jamais avec un esprit pur et ne glorifie pas la grandeur divine.
L'âme qui s'est humblement abandonnée à la volonté de Dieu Le voit invisiblement à chaque instant ; tout cela est inexprimable pour l'âme elle-même, et elle ne peut en parler ; mais par expérience elle connaît la clémence de Dieu, et elle sait quand le Seigneur est avec elle. L'âme qui s'est abandonnée à Lui est comme un petit enfant qui reçoit chaque jour sa nourriture, sans savoir d'où provient cette nourriture. De même, l'âme se sent bien avec Dieu, mais elle ne peut pas expliquer comment cela se fait.

Seigneur, éclaire ton peuple par ton Esprit Saint afin que tous les hommes connaissent ton amour.
Le Seigneur inspire de prier pour les hommes, donne Lui-même la force pour cette prière, et en récompense l'âme. Telle est la miséricorde du Seigneur pour nous.
Depuis mon enfance, j'aimais le monde et sa beauté. J'aimais les arbres et les jardins verdoyants, j'aimais les plaines et toute la belle création de Dieu. J'aimais regarder la clarté des nuages, les voir passer dans les hauteurs azurées. Mais depuis que j'ai connu mon Seigneur et qu'Il a captivé mon âme, tout a changé en moi. Je ne veux plus regarder ce monde, car mon âme est sans cesse attirée vers le monde où vit le Seigneur. Comme un oiseau dans une cage, ainsi mon âme souffre sur terre. Comme l'oiseau désire s'envoler de sa cage étroite vers les bosquets touffus, ainsi mon âme brûle du désir de voir à nouveau le Seigneur. Elle languit après Lui et crie
« Où demeures-Tu, ma Lumière ? Tu vois, je Te cherche avec des larmes. Si Tu ne m'étais pas apparu, je ne pourrais pas Te chercher ainsi. Mais Tu m'as trouvé, moi pécheur, et Tu m'as fait connaître ton amour. Tu m'as donné de voir que ton amour pour nous T'a conduit sur la Croix, et que dans les souffrances Tu es mort pour nous. Tu m'as donné de connaître que, par amour, Tu es descendu des Cieux sur la terre, et même jusqu'en enfer, pour que nous voyions ta Gloire. »
Tu as eu pitié de moi et Tu m'as montré ton Visage, et maintenant mon âme a soif de Toi, Seigneur. En rien elle ne trouve de repos, ni le jour, ni la nuit. Et je pleure comme un petit enfant qui a perdu sa mère.
Mais un enfant oubliera sa mère, et une mère oubliera son enfant lorsqu'ils Te verront : l'âme en Te voyant oublie le monde entier. De même, mon âme est attirée vers Toi ; elle aspire à Toi et ne veut plus voir la beauté de ce monde.
Lorsque dans l'Esprit Saint l'homme connaît la Mère de Dieu, lorsque dans l'Esprit Saint il devient parent des Apôtres, des Prophètes, des saints Evêques, des saints Moines, de tous les Saints et de tous les justes, alors il est irrésistiblement attiré vers cet autre monde et ne peut s'arrêter. Il s'ennuie dans ce monde, pleure et ne peut s'arracher à la prière ; et malgré l'épuisement de son corps et son désir de se

sans l'Esprit Saint, personne ne peut connaître Dieu ni savoir comme Il nous aime. Et bien que nous lisions qu'Il nous a aimés et qu'Il a souffert pour nous, par amour pour nous, nous ne pensons à ces choses qu'avec notre intelligence, mais sans saisir avec notre âme et comme il le faudrait cet amour du Christ. Cependant lorsque l'Esprit Saint nous instruit, nous comprenons clairement et ressentons cet amour, et devenons semblables au Seigneur.
Seigneur miséricordieux, enseigne-nous tous par ton Saint-Esprit à vivre selon ta volonté, afin que, tous, nous Te connaissions dans ta Lumière, Toi notre vrai Dieu. Privés de ta Lumière, nous ne pouvons comprendre la plénitude de ton amour. Illumine-nous par ta grâce, et elle enflammera nos coeurs d'amour pour Toi.
O frères, je vous le demande et vous en supplie au nom de la miséricorde de Dieu, ayez foi en l'Evangile et dans le témoignage de la sainte Eglise. Vous goûterez, dès cette terre, la béatitude du Paradis, car le Royaume de Dieu est au-dedans de nous. L'amour divin donne le Paradis à l'âme. Bien des princes et des seigneurs ont abandonné leur trône après avoir connu l'amour de Dieu. Et cela est compréhensible, car l'amour de Dieu est un feu dévorant ; il réjouit l'âme jusqu'aux larmes par la grâce du Saint-Esprit, et rien de terrestre ne peut se comparer avec lui.
Ce qui est terrestre peut être connu par l'intelligence humaine , mais Dieu, - et tout ce qui est céleste, - est connu seulement par le Saint-Esprit et ne peut l'être par la simple intelligence.
Celui qui a connu Dieu par le Saint-Esprit, celui-là oublie la terre comme si elle n'existait pas ; mais après la prière, il lève les yeux et voici qu'il la voit de nouveau.
Frères, dans le Royaume des Cieux, les Saints voient la Gloire de Dieu ; mais nous, humilions-nous, et le Seigneur nous aimera et nous donnera sur terre tout ce qui est utile pour l'âme et le corps, et nous révélera tous les mystères.
Les hommes se sont attachés de toute leur âme à l'acquisition des biens terrestres, et ils ont perdu l'amour divin ; c'est pourquoi il n'y a pas de paix sur terre. Bien des hommes passent leur vie à rechercher, par exemple, comment est formé le soleil, sans se soucier de connaître Dieu. Cependant le Seigneur ne nous a pas parlé du soleil, mais nous a révélé le Père et le Royaume des Cieux. Il dit que, dans le Royaume de leur Père, les justes resplendissent comme le soleil (Matth. 13,43) ; et, selon l'Ecriture, le Seigneur sera la Lumière du Paradis (Apoc. 21,23 ; 22,5), et cette Lumière du Seigneur sera dans l'âme, dans l'intelligence et dans le corps des Saints.
Nous vivons sur terre et ne voyons pas Dieu, et nous ne pouvons pas Le voir. Mais si l'Esprit Saint vient dans notre âme, nous verrons Dieu, comme Le vit saint Etienne, le premier diacre. Sous l'action du Saint-Esprit, l'âme et l'intelligence reconnaissent aussitôt le Seigneur. Ainsi, le saint Vieillard Siméon reconnut-il le Seigneur dans le petit enfant ; et saint Jean Baptiste, de la même manière, reconnut le Seigneur par le Saint-Esprit et attira sur Lui l'attention du peuple. Mais,